Le NH-90 est un hélicoptère de transport tactique et naval, équipé de deux turbines, et développé et construit par la société NHIndustries, dans le cadre d'un programme commun entre plusieurs pays européens, dont la France, les Pays-Bas, l'Allemagne et l'Italie. Plus tard, la Belgique et le Portugal rejoindront le programme.
NHIndustries regroupe des entreprises spécialisées dans l'aéronautique, comme Agusta, Eurocopter Deutschland, Stork Fokker et Eurocopter France.
L'appareil ce décline en deux versions. La première est appelée TTH, pour Tactical Transport Helicopter, et la seconde NFH, pour Naval Fregat Helicopter. Le NH-90 va s'exporter dans huit pays, comme en Australie, Oman, en Norvège, en Espagne, ..., en plus des six pays qui participent à la conception de l'hélicoptère. En France, l'Aviation Légère de l'Armée de Terre dispose d'une flotte de sept appareils en version TTH, contre huit NFH pour la Marine Nationale. Quatre-vingts, toutes versions confondues, doivent encore être livrés à Paris (Données extraites du rapport World Air Forces 2014, publié par Flight Global).
Au début du mois de Février de cette année, la presse néerlandaise publiait des articles qui indiquaient que certains pilotes, qui volent sur les hélicoptères NH-90, avaient des problèmes auditifs. Au retour des missions, les militaires se sont plaints de sifflements dans les oreilles et de bruits gênants, y compris lors des vols. A cette époque, la Ministre de la Défense Jeanine Hennis-Plasschaer a déclaré devant les parlementaires que la décision a été prise de ne pas franchir le seuil de 1 heure de vol par jour pour les pilotes, et qu'une enquête a été lancée pour déterminer l'origine du problème. A cette occasion, elle a également demandé à NHIndustries et aux pays équipés du NH-90 si les pilotes connaissaient ce même problème.
Et effectivement, en France aussi, les pilotes français souffrent de pertes d'acuité auditive, selon mes informations.
D'après une de mes sources, des pertes d'acuité auditive ont été constatées sur des membres d'équipage. Ces dommages apparaissent dans certaines gamme de fréquences, mais ne remettent pas en cause leur aptitude au vol. Les niveaux sonores des alarmes dérangent fortement les pilotes, et sont souvent considérés comme "pénibles". Certains pilotes souffrent régulièrement d'acouphènes.
Aux Pays-Bas, 4% des pilotes de NH-90 sont victimes de ces problèmes et ont subi des pertes. De plus, et selon un sondage, 37% des pilotes néerlandais volant sur cet hélicoptère, trouvent que les bruits sonores et les alarmes sont gênantes.
Interrogée à ce sujet, la Marine Nationale déclare que des études ont révélé que "la ventilation des baies avioniques à la mise sous tension de l'appareil, ainsi que la ventilation du radar en vol, peuvent être à l'origine d'un bruit important".
Dans la réponse apportée à ma question, il est précisé que les équipages de la Marine Nationale "sont soumis à des contrôles médicaux semestriels".
Pour pallier ce problème, des experts de la société NHIndustries travaillent sur l'aspect technique de la question, en coopération avec leurs homologues de l'agence otanienne NAHEMA, qui est chargée, entre autres, du programme NH-90.
En ce qui concerne la partie médicale, le Service de Santé des Armées (SSA) étudie quant à lui des solutions qui pourraient être adoptées, en attendant de trouver une réelle solution durable, voir même, la source du problème.
Lors de mes échanges avec une de mes sources, il y a maintenant quelques semaines, celle ci m'indiquait que les experts travaillant à l’Institut de Recherche Biomédicale des Armées (IRBA), n'avaient pas été mis au courant. Cependant, des bouchons d'oreilles devraient arriver au sein des Flottilles pour aider les pilotes à supporter le bruit élevé en cabine.
Il est également question de l'entrée en service d'un nouveau casque, équipé d'une meilleure insonorisation. Le casque bi-senseur actuel est développé et fabriqué par la société française Thales, il permet d'intensifier la lumière pour les vols de nuit.
En ce qui concerne les techniciens et les maintenanciers, le SIRPA Marine (Service d'Informations et de Relations Publiques des Armées) a indiqué que depuis 2004, "des protections auditives adéquates ont été achetées et des réducteurs de bruit sont à l'étude au Centre d'Expérimentations Pratiques et de réception de l'Aéronautique navale (CEPA) pour améliorer encore les conditions de travail de nos techniciens".
Les conclusions de l'enquête lancée par les Pays-Bas "seront partagées entre les nations du programme NH". Si cela doit être le cas, la Marine "adaptera des dispositifs d'atténuation préventifs du bruit rayonné en cabine, au sol, ou en vol".
Après l'Allemagne qui dénonçait dans un rapport de nombreux défauts, comme la fragilité de la rampe arrière des appareils, ou encore le fait de ne pas pouvoir emporter du matériel en même temps que des soldats., et les Pays-Bas qui tiraient la sonnette d'alarme en expliquant que les NH-90 ne supportaient pas l'eau salée, au retour d'une mission de lutte contre la piraterie au large de la Corne de l'Afrique et dans les Caraïbes, l'industriel NHIndustries, ainsi que les pays acheteurs, vont devoir faire face à de nouveaux problèmes, qui n'arrangent pas la réputation de cet hélicoptère, également considéré comme trop lourd.
Photo : (c) NHIndustries - Hélicoptère NH-90 Caïman TTH de l'ALAT.